lundi 6 décembre 2010

Reviens.

Photo de Shirin Neshat

Il devait porter une serviette autour des hanches. Il m'a raccompagnée et comme l'air du palier le faisait frissonner, il s'est empressé de fermer la porte en grelottant. Puis il a gratté- signe qu'il était juste là derrière, encore tout près. J'attendais l'ascenseur.

Je suis partie avec mes pensées au fond des pieds. Battre le pavé les ferait se dissoudre dans l'air froid comme les glaçons. (Les allemands disent eiskalt. Alors moi aussi.) J'ai toujours essayé d'amoindrir la peine des départs. Instinct de protection. Je pense aujourd'hui qu'il vaut mieux la ressentir, cette douleur.

J'ai à nouveau tenté de la dompter ce soir. Mais ça ne marche pas. L'avocat était tendre, je l'ai intimement* lié aux échalotes, ajouté le persil, le citron, la crème d'avoine. Mixé. Fleur de sel et piment d'espelette. Ce devait être savoureux mais rien n'a plus de goût sans toi.

*Je n'aime pas trop les adverbes, mais ce intimement culinaire, je l'ai toujours trouvé apaisant.

vendredi 19 novembre 2010

Jim, viens quand tu peux- mais peux bientôt

La rencontre avec Catherine - qui avait le sourire de la statue de l'île : "Cela commençait comme un rêve" in Jules et Jim de F. Truffaut.

J'ai à nouveau quitté Paris- cette fois en train, et seule (double adieu.) Catherine les avait exhortés à quitter tous les trois Paris sous la pluie pour aller au bord de la mer.

Ici, où il pleut tant, le nouveau chat me ravit (mais je pense toujours au premier qui a disparu.) J'ai cuisiné avec lui bien droit sur sa chaise (interdiction de monter sur la table- il a usé de stratagèmes- en vain) J'ai laissé les minuscules oignons grelots entiers et ai tailladé ceux de Roscoff.

Tout à fait le genre de plat parfumé qui aurait pu satisfaire l'appétit de Catherine : "Ah ce que j'ai faim, si on allait dîner là" en désignant l'Auberge de la Bécasse- avant le coup de théâtre du petit pyjama blanc.

Je rêve que le petit chat tigré (qui a des chaussettes blanches- et le droit à sa soucoupe de poisson) se transforme en commis de cuisine pour aller chercher des herbes fraîches dans le jardin- un peu comme Belzeb, Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen (un excellent livre de l'écrivain finnois Arto Paasilina.) Le pasteur a enseigné à son ours diverses tâches ménagères- mais il excelle à la prière, cet ursidé dévot.

mardi 2 novembre 2010

Et si un jour tu as de la peine- Rase Campagne


La "bicoque"- quelque part dans l'Aisne.


"Si vous n'aimez pas la mer, si vous n'aimez pas la montagne, si vous n'aimez pas la ville... allez vous faire foutre !" Michel Poiccard in A bout de Souffle.


C'était dimanche matin. Il a négocié avec la gendarmette pour passer avec la voiture - ma petite amie habite rue Vieille du Temple. Nous l'attendions toutes deux parmi les piétons légitimes.

C'était au commencement - nous étions guillerettes, les x sacs remplis de plaisirs en puissance : bikinis, raquettes, pulls doux et bouquins, provisions pour des gâteaux qui, nous le sentions, embaumeraient la quiétude du soir.

C'était tout vu. Non, Paris ne va pas me manquer. Il la racontait bien sa campagne et tous les plaisirs semblaient déjà acquis. N'oubliez pas vos maillots de bain.

C'était la Toussaint et je pensais aux brins de bruyère pour Marion. Non elle n'aurait pas aimé les chrysanthèmes. L'idée m'arracha des larmes.

C'était lundi midi et ça avait le goût d'un dimanche soir. Nous sommes repartis- remballées, les côtes de boeuf- et ravalé nos plaisirs frustrés de n'avoir pas eu de désirs.

mercredi 20 octobre 2010

Et elle s'appelle comment?

Francis Nicolas Marie in Les Amours Imaginaires

Samedi après-midi, j'entendis sa voix comme un murmure ; il s'adressait au vendeur. -Claire. J'ai ajusté la robe tout à trac -c'est plus présentable- et écarté les pans lourds des tapis gris (les curieuses- et très cool cabines d'essayage d'APC.) - Alors? Nous avons adoré Les Amours Imaginaires- et surtout la scène où ils achètent les cadeaux pour Nicolas. Un pull orange en cachemire très cher et un canotier dans une boîte superbe. "C'est pas parce que c'est vintage que c'est beau."

Dimanche nous étions abrutis (non, ahuris!) par la chaleur du 5, puis battus par les vents de la rue de Bercy austère et inélégante- qui m'a rappelé les artères de Brest, la rue de Siam et la rue Jean Jaures, dont les rafales se rient des brushing des bourgeoises. Brune et blonde à la Cinémathèque- j'ai bien aimé le reportage starring Veronika Lake qui relève ses cheveux pour donner l'exemple aux Américaines- dont les mèches folles gênent le travail à l'usine. Chocolat au 51- les enfants et leurs jeux aspirent nos regards, nos mains s'enfoncent dans les poches de l'autre.

Lundi nous étions Adorables Passionnés Chics malgré mes mains dans le cambouis- et lui dans un endroit où il va à la cantine - parce que ça fait bien. Son traiteur italien de l'avenue Montaigne doit s'ennuyer de lui. Lui aussi.

Mardi il portait des chaussettes Tabio avec deux lettres mystérieuses brodées- sauf pour lui et pour moi - mais son voisin l'a deviné tout de suite.

Mercredi il a porté ces mêmes chaussettes. The Social Network l'a tellement troublé.

lundi 11 octobre 2010

Sunday morning, praise the dawning

Brune Blonde, à la cinémathèque jusqu'au 16 janvier. I am all in.

D. m'agaçait un peu et Le Bon Marché tombait à pic. J'avais pris un panier, juste comme ça, pour me donner de la contenance. Je sillonnais les allées de la Grande Epicerie- D. me suivait comme un petit chien. Je happais au passage un bocal de Millionaire's flapjacks (de Gü Naughties-biscuits à l'avoine tartinés de caramel et enrobé de chocolat fondant) pour lui qui veut 35 millions à 35 ans. Les sous c'est écoeurant tu sais.

Plus tard, le soir, j'étais retournée en courant de l'Hôtel de ville au 41, 2e étage gauche pour empocher les Gü- alors qu'il attendait déjà fièvrement que je sonne au 5, 4e étage gauche. J'arrive!

Après Kaboom, dont la hideur m'a rappelé un film d'horreur de Dario Argento que Dee et moi avions vu à Cannes (-se munir d'une épaule où se pelotonner), nous sommes retournés sur la terrasse sublime de son bureau. La fête battait son plein au Grand Palais, et nous, nous frissonnions un peu. Code TB 9* 9*.

Sunday Morning. Nous nous sommes hâtés vers l'hôtel Amour où nous avons eu une chouette table qui surplombe la cour verte. Le beurre bordier est conservé au frais dans des glaçons-charmant. J'aime beaucoup l'hôtel Amour-j'aime tellement y aller avec lui. Nous fîmes un crochet rue des Martyrs pour acheter un cheese-cake chez Rose B. La rue était encombrée de barnums d'antiquaires. Nous la montâmes et redescendîmes, pour n'en pas perdre un seul. Ici, tu trouveras les meilleurs fromages de mon quartier.

jeudi 2 septembre 2010

Détresse du présent

Helmut N. (comme C N. et E N.)

A ce garçon au menton doux qui aime beaucoup l'île aux moines et qui est tout a fait sérieux, j'ai offert un kit de voyage Muji (un masque et un oreiller), dans un petit sac très doux. Sa foi de charbonnier lui fait dire que les évangiles sont modernes (et d'autres choses qui hérissent un peu le poil des N athées-juste un petit peu.)

Mais à A. - qui a à ses côtés une toute petite t., je reste bredouille. Impossible d'aller voir t., la sublime impératrice aux yeux bleus, en reine-mage aux mains vides! Je n'ai cessé de courir ventre à terre, acheter, regretter-quel vilain paquet cadeau!-, échanger, acheter encore-me sentir satisfaite, avant de constater, à la lecture de critiques post-achat-animal-triste : "non! Les Bulles, de Claire Castillon, ce doit être un ramassis de fariboles déprimantes."

Au départ, j'avais songé à un livre de Laurie Colwin mais l'auteur était absent de la jolie librairie Les Cahiers de Colette. Le monsieur m'a conseillé Naissance d'un pont de Maylis de Kerangal, mais j'ai craint que ce livre ne détende A. Maintenant j'écoute Le Masque et La Plume en priant-de ma non foi- pour que j'y dégote une idée adéquate. Help.

lundi 23 août 2010

L'épis de maïs rouge


En ce moment, il regarde Gloria. Grâce à moi. Gen- AH!

D. a dit en parlant de cette photo "dans la pièce rouge". Non, c'est ma combi qui est rouge, Dee!

Hier, alors que je désignais une veste de smoking un petit peu chiffonnée en l'interrogeant sur sa capacité à me vêtir, il a rétorqué d'un : "les filles peuvent porter du froissé sous prétexte d'un effet de style, mais là, les manches sont ridées." Ridées! J'ai pensé alors que lundi soir, je repasserai-et serai donc loin de toi-oh, pas si loin-mais si.

Hier je suis allée avec mon joli vélo rouge au Café Etienne Marcel-où ils ont refusé de nous servir un petit déjeuner sous prétexte qu'à midi, le Dimanche, il faut prendre leur brunch (qui ne me plaisait pas trop, et puis, je préfère le petit déjeuner!). Nous nous sommes donc partagé un cheesecake, qui vient de chez Costes. Là, il a dit qu'ils le préparaient comme ça- avec une crust comme une tarte-pour aller vite. Il ressemble à ça, le tien?- ai je demandé- Non. (Il met des speculos en miettes, lui.)

Il évoque souvent ses gourmandises new-yorkaises. A Barcelone, au café Virreina, il a dit : "c'est un des meilleurs sandwichs que j'aie mangé"- avant de se reprendre : "ah non, les sandwichs au pastrami du Carnegie Deli sont vraiment les meilleurs du monde!" Il fait de très bons épis de maïs - qu'il trouvait sur toutes les tables aux U.S alors qu'à la maison, jamais. Chez moi, nous avions des épis de maïs au dîner-avant d'aller aux Etats-Unis. -En accompagnement de quoi?- Rien. <Si, du beurre salé>.

dimanche 8 août 2010

Sous la pluie, ce soir

François Truffaut, Claude Jade et Jean-Pierre Léaud

Hôtel Omm, Barcelona

L'été. Je n'ai pas de saison favorite mais je vis plus fort l'été.

Je suis rentrée hier soir de Barcelone et ce matin, j'ai pris le métro à Paris pour aller travailler - et pas le joli vélo rouge - il pleuvait trop. En rentrant ce soir, j'ai eu froid aux oreilles.

Je vais parler de l'été au passé - mais je sais qu'il est encore là - et se prélasse. Ce n'est pas tant lui, mais toi. Toi, tu le fais durer.

J'avais dit avant : "j'aime ton pas preste et hésitant." Aujourd'hui : "le velouté ignivome de tes yeux". Mais toujours la fossette au menton.

J'ai regardé tous les Antoine Doinel (sauf Antoine et Colette) -jusque très tard- quand tu étais loin de moi. Et aussi To have and to have not. Après nous avons beaucoup ri avec "moshi moshi". Et je t'ai souvent admiré d'un "you are awful good".

Tu es rentré du Lubéron. Tu avais écrasé ton panama dans le train, et moi j'avais 5 minutes de retard et une jolie blouse. Le temps de le jeter-le chapeau- dans une poubelle et à A et -a de s'enfuir. (La faute du rouge à lèvres : "C'est quoi, faire la tête?")

Tu as sorti de ta valise deux bouteilles de Chateau Romanin (2004 et 2005.) Nous avons ouvert la 2005 pour ton premier déjeuner chez moi rue Vielle du Temple et tu as dit "On mange très bien chez toi".

Tu as choisi l'hôtel Omm. Et moi j'ai dit : "chez nous" pour le 265, calle Rossello. A Port Güell tu as pensé : "j'ai de la chance". Et moi, à la Barceloneta : "c'est si bon avec toi".

Nous sommes échangé hier "I'm yours" d'Angus et Julia Stone sur Spotify. L'été va durer.

vendredi 23 juillet 2010

I'm your man

Au Bord D'un Zinc à Saint-Martin-De-Ré

Tendre geste du garçon, je l'entendais sursurrer ces mots de Léonard Cohen (en tout cas dans mon scénario, c'est ce qu'il lui aurait soufflé entre deux baisers) :

If you want a lover
I'll do anything you ask me to
And if you want another kind of love
I'll wear a mask for you

Me suis inventé pas mal d'histoires, lors de mes foodingueries en solitaire à Ré. Rassasiant.

M, après avoir lu mes 8 textes pour LeFooding :
"Ce qui m'interroge : Mais t'as passé ta vie à manger à Noirmoutier ???? A manger et mater ! Polissonne !"

Noirmoutier, Ré, La Rochelle, 3 jours et demi, 8 textes. Ai pas mal pignoché dans mon assiette - oui, je suis une fine gastronome. Enfin, je l'étais.
Le travail, pffff.

Ai écrit les pieds dans le sable.
Ah oui, le maillot Vilebrequin ne me fait pas des belles fesses - c'est un truc d'homme, enfin l'Accessoire-un signe de reconnaissance de sales gosses. Je l'ai essayé et il s'est exclamé :"je crois que c'est la première fois que je te vois porter quelque chose qui ne te va pas du tout". Il y avait des motifs de cerises dessus.

dimanche 4 juillet 2010

Un coeur dessiné au stylo bille

Je ne l'ai pas encore vu en entier.


Ce soir là - la soirée X, il m'a empoignée par le poignet et il a dit "C'est trop nul le métro". C'est la première fois qu'il a appuyé sur 4 au 5 dans le IX. Un code, comme celui qu'il tape de la phalange, l'index replié. Tip, tip, tip, tiiiip.
Entracte.
Ca a commencé comme dans un film-mais très difficile à tourner. Nous avons pensé aux voix off.
Maladresses.
Il ma suivi et je me suis retournée.
Nervosité.
Et dire que tout ça, c'est à cause de Maud! Quelle histoire.

Samedi soir j'ai vu Tournée d'Almaric. Et j'ai été un peu déçue. Les critiques m'avaient alléchée, évoquant Cassavetes-sans parler du prix à Cannes. La seule scène que j'ai vraiment aimée est celle entre Zand et son ex-poulain : ils se flattent, ils s'accolent, ils s'insultent, ils boivent un verre, ils se rabibochent, ils se cognent. "Tu te conduis comme une m*rde sur un socle". Ce serait du Truffaut à Godard. Une demi-seconde, je me suis sentie secrètement et bêtement érudite*-

*Mais c'est parce que j'étais en avance avec les Inrocks. Hihi.

samedi 3 juillet 2010

Foodinguement vôtre


La Bazarette du Fooding : Paris, Calvi, Biarritz. Bénéfices des entrées reversés à Action Contre La Faim.

Hier soir, je suis allée à ma première soirée Fooding à la salle Pleyel dans le cadre du festival Days Off : hype, gourmand, insouciant. Nous avons grapillé deci-dela quelques mignardises de bon ton (Mention spéciale aux charmants maraîchers Alexandre Drouard et Samuel Nahon, Terroirs d'avenir, Paris XII, qui détaillent avec classe leurs petits légumes- sans résister à s'en jeter un ou deux au fond du gosier - avec la même classe) . Nous avons arrosé le tout de plusieurs cocktails-fameux { Ricard + fruits rouges + tomate verte + citron }. Le cocktail officiel de la Bazarette 2010.

Ai dégoté un bob RICARD vraiment maboule-ça m'a rendue très joyeuse. (Ai joué de mon charme pour l'obtenir-ne nous refaisons pas.) A la fin nous avons même été tentés de nous trémousser sur le son obscur d'un DJ qui officiait dans un coin. Un peu déçus par la musique - et on crevait de chaud. Il aurait fallu une piscine-ou la mer-encore mieux. Je suis jalouse des Calvaises et des Biarrotes.

Dans une semaine, je suis expédiée par LeFooding.com en Charentes où je vais commencer un bataillon de tests (des idées? je les veux) - avant de m'occuper du Xe arrondissement de Paris (je les veux aussi). Je vais devenir une oie grasse et bronzée qui titillera de la plume- et de sa gouaille le site trop cool du Fooding.com.

En sus, je partage deux de mes critiques -offline, c'était juste pour montrer ce que j'avais dans le ventre. Ca m'a rendue très heureuse aussi, j'étais très émue de pénétrer l'antre du Fooding - dont le bureau surplombe celui des Inrocks. Je n'ai pas osé aller traquer Jean-Marc Lalanne. Palpitant.


L’Entracte

47 Rue de Montpensier.

75001 PARIS

T 01 42 22 64 56

m° Pyramides

Bistrots et néo-bistrots


Catégories

Dînette-Snacks

Feeling


L’Entracte, c’est le business de Marcel, sorte de James Stewart en tatanes, bermuda et polo Lacoste. Très amène, il râle quand même un peu : il est au charbon depuis potron-minet, bien obligé de suivre ces jeunes de 35 ans qui (s')attaquent dare-dare au vin blanc du Gers (3€)! Il balade sa silhouette de grand escogriffe derrière le bar de son minuscule estaminet - si petit qu’il peste contre les bouteilles de Perrier et autres cochonneries dont les formes féminines prennent trop de place. Il leur préfère l’eau fraîche de sa pompe à bière-il racontera l’histoire. Pour les petites faims (on a surtout très soif chez Marcel), on déguste sur les tables en mozaïque jaune du chèvre sec (10€)-à effriter dans de l’huile d”olive au thym ou une assiette de ventrêche et saucisson (idem). On part quand Marcel se tire, vers 23 heures “parce qu’il n’a pas encore becqueté”.



Les Enfants Perdus


9 rue des Recollets

75010 PARIS

T 01 81 29 48 26

m° Gare de l’Est

Ripailles nioulouques


Catégories

Feeling


Le spleen du Dimanche soir guette. Les Enfants Perdus, c’est un nom qui sonne bien pour se vautrer un peu plus dans la mélancolie, non? Pourtant, à peine le pas de porte franchi, le non-goût de la fin de week-end disparaît, et vite. Très belle carte des vins. Le Chasse-Spleen (48€) choisi (on était là pour ça), on emprunterait bien l’escalier en colimaçon qui mène à la cave - histoire de s’offrir une dégustation à l’abri des regards - et s’adonner à des polissonneries d’enfants pas très sages. L’Artichaut (14€) met du temps à arriver - on se fait du pied sous la table- et les regards concupiscents des starlettes néo-LaChappelle qui ornent les murs. Le Bar (21€) l’air goguenard, cuit à point et la Saint-Jacques (idem) se marient bien avec le vin dépareillé. Les enfants n’aiment pas trop les légumes, et Les Perdus non plus, c’est dommage. On se prive finalement de dessert - pour aller jouer au bord du canal. Pas la peine de demander la permission.

dimanche 27 juin 2010

Des gars dans la cuisine

L'araignée de Louise B.

Hier, ils sont arrivés tous les deux avec des bidules mitonnés maison : une salade très fraîche-bien assaisonnée, des moelleux au chocolat (dans des petites caissettes plissées en silicone), de l'ananas frais joliment découpé - et des piques en bois pour ne pas se salir les doigts.
Je porte un regard très attendri sur les garçons qui cuisinent - ils sont parfois un peu maladroits, toujours très appliqués. Autour de moi, je n'ai jamais eu de gars en cuisine.

Can we grab some food? C'est plutôt à ça que je suis habituée. Dire que même les petits gestes empruntés de M. qui découpait des tomates pour agrémenter une pizz' du frigo me faisaient sourire. Parfois, je ne peux réprimer mon dégoût devant les abonnés au surgelé - toujours : "Tu sais, ça peut être bon. Et puis la cuisine, c'est une perte de temps " J'ai aussi dû m'appliquer à ne pas vexer celui qui, tout fier de son gâteau cru-immangeable, assurait qu'il l'aimait comme ça.

Cabochard, mon père l'était aussi, à outrance, lorsqu'il servait ses plats. Il cuisait à merveille les produits de sa pêche en apnée (avec une arbalette, un chasseur des mers!) Je me rappelle surtout les araignées qu'il pêchait au Printemps. Il accompagnait les crabes rouges d'une sauce à base de leur corail. Ses talents s'arrêtaient là. (Il ne l'admettait pas, mais c'est vrai.)

mercredi 23 juin 2010

Far West



Nous avions roulé des heures sur ces routes cahotantes du Far West français. Une missive à remettre en mains propres. A quelqu'un qui vit dans un autre monde-où le téléphone a une camisole de force. Nous nous perdîmes. Nous nous gorgeâmes du paysage-au moins le trou perdu jouissait d'une folle cambrousse luxuriante. Rien à voir avec l'Arizona.

Le nom du hameau-indiqué sur une pancarte rouillée et masquée par les mauvaises herbes-fleurait bon l'exotisme. Alerté par le bruit d'une voiture, un homme bondit hors de sa cahute au toit de tuiles. Il dévisagea les intrus d'un air mauvais. Il ne nous lâcha pas du regard le temps d'un demi-tour nerveux. Il était posté-là, silencieux-comme sur ses gardes. Il ne lui manquait qu'une carabine. L. proposa de faire un pied de nez-et de tirer la langue. Nous n'en fîmes rien.



Laurie Colwin est un auteur que je ne me lasse pas de relire. J'aime tout d'elle, et encore plus-je crois, Accidents.
Le bestial serviteur du pasteur Huuskonen de Arto Paasilinna me fait beaucoup rire, c'est une lecture parfaite pour le métro-mais qui n'en serait que plus délicieuse sur une plage.

vendredi 18 juin 2010

I find shelter


Il y eut le soleil sur ma peau, le sel dans ma bouche, l'eau glacée qui transit puis qui berce. Les petits pas mutins de Jean sur le parquet. Le vin sur la terrasse et la lumière du soir filtrée par les feuilles. La douceur de L. toute mâtinée d'autoritarisme. Son irascibilité. Avant, je lui faisais écho. Tu dis toi aussi que je ne lâche rien. J'ai l'impression d'avoir changé. Tu verras, la prochaine fois, tu pourras parler autant que tu veux, je laisserai couler. Je ne suis pas sûre que ça te plaise. Tu diras "U, tu peux me faire une éploration en allemand?". Et je rejouerai pour te plaire la petite scène de la Lenbachhaus. J'ai l'impression de me perdre un peu.

mardi 15 juin 2010

J'irai cracher sur D&G


Santiag

J'ai fait à H. le signe de reconnaissance. Il m'a répondu d'un : C'est à cette heure-ci qu'on rentre? Je crois que j'ai souri. Oui, tu as raison il m'arrive de sourire quand je ne sais pas quoi faire d'autre-mais pas que.

Je portais tous les stigmates de la fille habillée comme hier. A mon poignet seuls manquaient la chaînette entremêlée des deux liens de cuir. Et je sais pourquoi à la station Liège, personne ne monte ni ne descend jamais. (As-tu toujours froid? Je me demande si l'emploi de toujours au sens de encore est correct.)

La douche interminable et glacée n'expia pas mes entorses au code. J'enfilais un pull rouge-je crois que le rouge me donne un joli teint ; et ce soir je mettrai du rouge à lèvres rouge, comme Juliette Binoche dans Copie Conforme de Kiarostami.

Ce film m'a embarquée ; J.B a un jeu ciselé comme un rasoir. V. a aimé aussi. En lisant-après-les critiques des spectateurs sur All*ciné-qui eux dénoncent en majorité un film rasoir, je les ai tancés à voix haute "Ils ne comprennent vraiment rien, ces gens".

samedi 12 juin 2010

Clic-clac

Le plan du métro tokyoïte. Tokyo-juste après Rio. Oui, vite!

Les gens qui truffent leurs phrases de clichés m'agacent. Mais je me tais-sinon ils prendraient la mouche.


Cliché : 1 - n.m. Mot ou locution formant image, et qui est répété sans réfléchir. (...) A force de répétition, l'image est devenue invisible. (...) L'origine du cliché est ignorée pour la plupart de ceux qui l'utilisent. (...)


In Dictionnaire égoïste de la littérature française, Charles Dantzig

Mais depuis quand ai-je arrêté d'être exigeante? A force de survivre au pire, j'ai l'impression que je me suis habituée au médiocre. Ca ne fonctionne pas. J'ai recherché des réconforts aussi vains et écoeurants qu'une marmite géante de mousse au chocolat. J'ai replongé la cuillère dedans-consciente que ça n'était pas bon. Je me suis même auto-convaincue d'une addiction factice. A m'en rendre malade. A m'engluer dans cette odeur âcre qui me collait-m'engluait, me parasitait. J'ai frotté, frotté, j'avais l'impression qu'elle était incrustée. Je ne veux plus jamais la sentir.

Même après le velib, V. sentait bon, lui-je le sais, il m'a demandé de le humer. Il a commencé une blague en disant que ce n'était pas ça du tout et puis encore et encore. C'était un tel flop-mais un flop génial, un Grand Flop.

Nous étions un peu moins enjoués lors de notre dîner dans le microscopique japonais Asuka -à notre arrivée. Pourtant, notre état flottant se dissipa avec les sushi et la bière japonaise, laissant place à notre complicité, qui se renforce encore, après toutes ces années. La petite dame au service et ses gestes de marionnette nous ont ravi. Elle nous a montré fièrement qu'Asuka avait été cité dans Elle... Heureusement qu'elle n'a que 4 tables, sinon finie, la quiétude de sa petite échoppe de bric et de broc! Son mari, le cuisinier au visage aux douces rides, nous serra la main avant de partir. Vraiment Grand, Asuka.

jeudi 10 juin 2010

Rire-Rêve

Lorsque je me couche tôt et qu'au lieu de me vautrer dans un sommeil lourd ou combattre l'insomnie- ce qui arrive lorsque l'heure est trop tardive- je me repais alors d'un état de langueur, propice au rêve.
C'est très drôle, je suis très souvent tirée de mon repos par un rire-mon propre rire. C'est toi qui me fais rire. Parfois ce sont tes mots, parfois ce sont des mots rêvés qui sortent de ta bouche. Peut-être me les diras-tu un jour.

Une autre chose que j'aime bien : être tirée de la brutalité du monde par un bidule doucement surprenant*.
Par exemple, un clodo tout rougeaud qui m'a regardée arriver, et puis qui, tripotant une petite voiture de ses gros doigts demande "Une pièce pour mettre de l'essence dans ma petite bagnole s'il vous plaît?". Ca m'a émue, j'en ai ri.
Une autre fois, avec Dee, après avoir subi l'accueil terrible du type d'Un Loir dans la théière (boycottons ce bouge), nous sommes restées toutes coites, et des étoiles dans les yeux devant la prévenance des petits serveurs anglais (surtout un) de chez Rose Bakery. Un petit bon plan-pour les "causettes" : demander le "ptit" vegetable bowl-il n'est pas sur la carte.
(*En général, c'est le contraire qui arrive, un moment délicat, un charme rompu par une révélation ou une brusquerie qui bâche direct, qui casse, qui broie tout.)

dimanche 6 juin 2010

Oh bigre!

"Vos parents ne vous bouclent tout de même pas, si?"

"C'est un peu concept, non?" -levai-je le sourcil en entrant le 3 pièces cuisine rue des Dames. Un comptoir jaune et vert, des tables pourpres constellées de petites tâches "vielli". Un staff qui me rappelle un peu le mien chez American Apparel-en moins gay, et moins jeune. Très gentil. La serveuse a un joli tablier rouge à pois blanc et un apocalipstick assorti. Les garçons sont bruns et beaux.
Il m'a dit "Je t'ai pris le meilleur". J'avais commandé un verre de blanc et j'ai voulu regarder la carte. C'était seulement sur l'ardoise.
Après, c'est moi ai commandé et j'ai pris un sauvignon-j'en ai profité pour discuter un peu avec le serveur-celui avec les cheveux bruns et bouclés-il avait très faim et mangeait au comptoir. Il avait cette simplicité un beu brusque qui surprend au début.
Nous re-tentâmes le Oh bigre-la première fois c'était rempli-et quelqu'un avait soufflé su notre passage "Laisse-passer, c'est l'endroit le plus branché de Paris, il faut le mériter". A part ça, c'est un endroit très chouette.

J'ai mis la Boulangère de Monceau en illustration parce que l'intrigue se passe dans le quartier et le garçon pérégrine pas mal dans toutes ces rues-là, Levis, Saussure, boulevard des Batignolles. Je n'en dis pas plus, parce que ça doit être un peu barbant à la longue, que je n'en finisse pas sur les petits Contes Moraux. A propos, L'Amour l'Après-midi est maboulement bien, il faudrait que j'en dise un mot, hihi.

jeudi 3 juin 2010

C'est gentil chez toi


Chez lui, on trouve un fer à repasser Rowenta, une machine à laver Laden et toute une collection de chocolats noirs Côte d'Or dans le placard-et un Lindt (mon favori est celui aux fruits de la passion, qui pique un peu la langue. Je crois que je n'ai jamais goûté ce fruit au nom de frasque.)
Ca ressemblerait presque à une chanson de Vincent Delerm- qu'il honnit. Mais moi j'aime.
Comme il commence à faire chaud, il ouvre la fenêtre et ferme les volets. Le bruit de la rue me dérange- une rue du 17e arrondissement où je vois passer beaucoup de jeunes pères qui poussent des poussettes remplies de petits à la tronche boudeuse ou blasée.

dimanche 30 mai 2010

Perdue la gagne


Je les trouvais tous laids, le teint vert, les cheveux sales, trop longs, collants, rêches. Leurs pores suintaient. Des ruisselles de sueur embarquaient dans leurs courses le maquillage, la crasse comme exsudée de leur hideur. Ils se cognaient à moi. Moi aussi je devais avoir l'air d'un freak.

Je me regardais dans la vitre qui me renvoya une image sombre. Mon regard luisait sous la lumière crue. Je n'arrivais plus à décoller mes yeux de leurs reflets.

L'angoisse me ravageait. J'avais du mal à la comprendre. (Elle avait pourtant point plusieurs heures auparavant, elle gonflait, se muait en excitation puis retrouvait sa forme vorace, qui me grignottait jusqu'en haut.) Je me forçais à respirer. Je quittais le métro.

V. m'attendais depuis 30 minutes au Breizh Cafe. J'étais désordonnée, je posais les questions à l'envers. Nous parlâmes de lui, d'elle et puis de lui encore et de ce vendredi-soir. Il accepta de m'escorter vers lui.

Nous bûmes du champagne rue Barbette. La vue était belle. Tout d'un coup, c'était devenu bien-mon esprit avait déjà migré là-haut, tout en haut de la rue P. Nous nous parâmes alors d'écharpes en soie, lui d'une bleue, moi d'une grise puis enfourchâmes à deux un velib.
Je poussais la porte-ou bien j'entrais simplement, c'était ouvert. Je ne m'en souviens plus.

C'est Dimanche soir maintenant. J'écoute La Nuit Je Mens de Baschung. Oui, tout ça ce n'est que le Dimanche soir. Juste ça.

jeudi 20 mai 2010

La collectionneuse

Haydée- subtile nymphette, retourne les esprits de deux fats qui réinventent la glande absolue

Lors de mes derniers moments à Munich, j'écoutais en boucle La Collectionneuse de Charlotte Gainsbourg et Beck. C'est une chanson billingue, la voix est très douce, mélodieuse ou parlée. Le ton se prêtait bien à mon humeur de l'époque.

"J'ai cueilli ce brin de bruyère
L'automne est morte souviens-t'en
Nous ne nous verrons plus sur Terre
Odeur du temps Brin de bruyère
Et souviens toi que je t'attends"

J'ai vu il y a peu La Collectionneuse de Rohmer. Je trouve que les personnages de Rohmer ont souvent des sourires inattendus, mystérieux et fracassants. C'est le cas de Jean-Louis dans Ma Nuit et d'Haydée Politoff dans La Collectionneuse. Ses yeux rient aux éclats. Son sourire est un brin enjôleur, un brin narquois. Je trouve le personnage d'Adrien très antipathique (comme Jérôme dans Le genou de Claire.) Et sa coiffure tellement 70' ne lui va pas- je ne le trouve donc pas beau- et puis je n'arrive vraiment pas à le suivre dans ses turlupitudes paresseuses. Les dialogues sont comme d'habitude réjouissants.

Echange entre Haydée et Adrien :
"Je ne suis pas une collectionneuse.
- Ne dis pas ça c'est ton seul mérite.
- C'est entièrement faux je cherche. Je cherche pour essayer de trouver quelque chose. Je peux me tromper."

Il a réussi à l'embrasser! Et voilà qu'il lui dit :
"Tu es une petite salope sans morale.
-Ce qui est sûr, c'est que ce n'est pas ta morale que je suivrai."

Haydée me plaît beaucoup, j'admire son aplomb. Quelle jeune fille choisirait de passer ses vacances à cohabiter avec deux branques quarantenaires, se targuant d'être barbare (Daniel) ou quêtant le rien-faire absolu (Adrien)? J'aime aussi sa garde-robe sagement aguicheuse, comme un voile sublimant son corps souple et bronzé. Les plans tournés à Saint-Tropez me font cruellement regretter cette époque où même ce genre de coin était peuplé d'une faune mince et et vêtue (et pas de beaufs en short qui craquent de partout). Enfin, c'est peut-être la grâce du cinéma de Rohmer...

Je partage aussi cette vidéo de Serge G. que j'ai découverte récemment (avec Haydée Politoff justement)
"De la tête aux pieds quand on l'épluche, on ne trouve rien à lui reprocher."

vendredi 14 mai 2010

You bet, pet

Jean Seberg. "T'es tellement Nouvelle Vague tu sais".

Aujourd'hui c'est mon anniversaire. Je crois que je n'aime pas trop ce jour-là et ce depuis toute petite. (J'aime juste le moment où tous les invités sont là et oublient que c'est mon anniversaire.)

Peut-être que cette appréhension date de ce 6e anniversaire. Mon père m'avait emmenée chez le coiffeur et j'en étais ressortie avec les cheveux très très courts (comme un petit garçon). Je crois qu'il avait demandé "une coupe de printemps". Abomination. Je menaçais tour à tour de sauter par la fenêtre, d'annuler la fête d'anniversaire, de partir à jamais. Je hurlais. Il s'en moquait, je crois, le responsable de cet ignominie.

J'ai revu les photos de cet anniversaire, je prends l'air boudeur sur certaines photos, je suis encore au bord des larmes. Mais je crois que le chagrin s'est dissipé dans l'après-midi. Et puis j'étais si jolie avec ces petits cheveux et la jolie robe (avec un dos "tressé").

Il y a peu, mon coiffeur munichois m'a coupé les cheveux très courts, à la Jean Seberg (comme quoi ce n'est jamais moi qui décide ces coupes de garçonne). J'ai glâné de très nombreux compliments (et délivré l'adresse dudit coiffeur à tour de bras) mais ce n'était pas vraiment moi.

Je trouve pourtant Jean Seberg extrêmement belle dans A bout de souffle. Le couple qu'elle forme avec Belmondo me ravit. (Quel abdomen musclé il a!). Encore un film qui ne cesse de faire écho avec ce que je vis. C'en est presque dérangeant.

Michel (Bebel) à Patricia (Jean S.) sur le lit de P.:
"Si tu étais avec un autre type, tu le laisserais te caresser?"

Patricia à Michel -avec son accent américain :
"Tu sais, tu disais que j'avais peur, Michel. C'est vrai j'ai peur. Parce que je voudrais que tu m'aimes. Et puis, je ne sais pas, en même temps je voudrais que tu ne m'aimes plus. Je suis très indépendante tu sais".

Et puis un truc rigolo, dans la version que j'ai, le film est sous-titré en anglais. Je trouve les traductions de l'argot français truculentes :

No way, José (Mais non mon coco)
You bet, pet (Tu parles, Charles)

Je vous rassure le 25e anniversaire n'a pas trop mal commencé, j'ai petit déjeuné avec Valses de Chopin par Alexandre Tharaud, de la confiture de mûres de Lou et du thé Blue London du Palais des thés. Par contre, il y eut bien la petite crise inévitable : au lieu du coffret Eric Rohmer (22 films!) je n'ai eu que les 6 contes moraux. Mais nous avons commandé le coffret sur la boutique Télérama. Ouf.

jeudi 13 mai 2010

Actuellement je fais des mathématiques à temps perdu

Trintignant, qui louche vers la jolie blonde- il en délaisse son missel.


J'ai déjà parlé de Maud. J'aime aussi, dans ce film, le personnage de Trintignant, Jean-Louis aussi, ce chrétien presque rigoriste dont le visage fermé se fend parfois, subitement, d'un sourire carnassier.

En fait, ce film est tout à fait épatant. Le discours est intelligent, les répliques sont d'anthologie, elles donneraient envie de vivre à Clermont-Ferrand dans les années 70.

Au café :
Jean Louis : "Un Vittel" ; Vidal : "Une orange pressée."

Jean-Louis, à propos de l'étonnement de Vidal sur une seconde rencontre au hasard :
"Non, au contraire, nos trajectoires ordinaires ne se rencontrant pas c'est dans l'extraordinaire que se situent nos points d'intersection. Forcément!"

Jean-Louis, à la table de Maud, célébrant le Chanturgue servi ce soir là :
"Moi je dis : Voilà qui est bon. - Bravo. -Ne pas reconnaitre ce qui est bon c'est un mal. Chrétiennement parlant je dis que c'est un mal."

Jean-Louis, à propos du rigorisme de Pascal :
"Alors si le christianisme, c'est ça, moi je suis athée."

Maud :
"Je suis très difficile en ce qui concerne les hommes vous savez."

mardi 11 mai 2010

Je ne sais pas comment je fais mon compte

mais je n'ai jamais eu de chance avec les hommes.

L'autre Dimanche (celui d'après l'autre fille-), nous étions dans la queue pour l'expo Willy Ronis, L. et moi. Devant, un couple-mais pas d'amoureux, discutait de plans immobiliers. Intarissables qu'ils étaient, sur les immeubles familiaux ou mêmes communautaires. "Oui, nous aussi nous y avions pensé, à acheter un immeuble. Mais nous attachons beaucoup d'importance à la sphère privée de chacun, seule Maman aime à se faire envahir" Ils m'intriguaient un peu et je crois que Laura aussi. ("Quels gros parisiens" me souffla-t-elle). Ils commentaient sans cesse de "topissime". Je trouve ce terme n*l.

C'est très étrange mais la femme me faisait beaucoup penser à moi. A moi dans pas mal d'années. A moi en quadragénaire. A moi telle que je serai ou voudrais maintenant être plus tard? Oui j'ai grave tendance à me projeter. Alors pourquoi pas en : quadragénaire. Avec des enfants. Un chat. Une maison de campagne avec un potager. Comme elle.

Et tellement physiquement- les cheveux gris en moins, j'en aurais bien un jour aussi. La même stature haute, le même style (boots à talons, trench, jeans droits- classicisme preste) et le même teint frais, la même coiffure, les mains qui touchent les cheveux, tout le temps, trop courts pour être longs, trop longs pour être courts. Mais elle devait avoir les cheveux longs à mon âge.

C'est un peu comme le personnage de Maud (dans Ma Nuit chez)- mais pas tout à fait, parce que là : elle est moi. La vraie, pas moi projetée, cette fois. Cet air de séduction- qu'elle sait irrésistible, son style- oh cette chapka, et puis la chemise de marin pour dormir, sa façon de se frotter, avec les pieds, à Trintigant, et toute cette tristesse mâtinée d'étincelles dans les yeux. Oui, Maud. Pas du tout Cléo de 5 à 7 comme tu dis, toi.