lundi 28 février 2011

Le Métro ou les histoires du reflet dans la vitre

Photographie de Benoît Delhomme

Quand je suis sage et que prends le métro le soir et pas le cab pour aller jusqu'à Liège, je n'ai pas envie très envie de lire Le Tigre (bien golri) ni les Inrocks (qui m'aspirent jusqu'au bout de la ligne 1 le matin). Je préfère me mirer dans la vitre pleine de reflets. (Je le fais aussi le matin et le soir - bien entendu.)

Mais le soir, toute apprêtée, rouge aux lèvres, mèche ondulante (maintes fois replacée), parfum au garde-à-vous, coeur battant, la vitre m'engloutit- et mes pensées. Elles divaguent. Il suffit un coup d'oeil échangé à droite, avec un garçon barbu qui m'éclabousse de sa lumière crue, et je crois, oh, il me regarde- c'est vrai! Non je n'ose pas vérifier, le rouge des lèvres monte aux pommettes, la pompe cardiaque irradie encore davantage. Alors je n'en peux plus- et j'ose. De la vitre qui m'inspire, j'arrache mes yeux et les pose sur lui. Et en fait rien. Tout s'évanouit.

Je ris de moi jusqu'à la fin du trajet. Je sors-seule, ou presque à cette station où personne ne monte et ne descend jamais. Parfois il y a des pas aveugles derrière alors je cours et je cours encore les deux grappes d'escaliers, les cheveux s'emmêlent avec le vent frais, le rouge monte au front, cette fois. Et j'arrive essoufflée chez lui. Ca peut commencer.

6 commentaires:

Gustave a dit…

J'aime.
L'écriture, et l'ambiance, et les mots, et tout.

Cléo a dit…

Merci. J'ai découvert ton blog aussi!

patoumi a dit…

Je me demande ce que tu portes comme rouge à lèvres.
(je suis restée un peu perplexe ce matin, cherchant le premier rouge de ma petite existence)

Cléo a dit…

Je porte une combinaison d'un rouge de Couleur Caramel (un peu irisé) avec un rouge de Lancôme. En tout cas le soir quand je me rends à Liège.

Ananim a dit…

Ton post m'a fait penser a un concours de poesie qui avait ete organise par la RATP sur les rencontres faites par le regard dans le metro ou un truc comme ca. Bref, tu aurais surement ete laureate.
J'adore cette idee que dans le metro on se retrouve avec des gens que l'on ne reverra plus tout ca qu on pense plein de trucs et que parfois on se retrouver finalement coince avec eux (accident de train) et la realite est un peu differente.

Cléo a dit…

Ananim : oui, le fantasme est entretenu par la vitesse et la perspective de la station!