lundi 31 janvier 2011

Rise up and save this f*cking world



Patty Smith et Robert Mapplethorpe

Just Kids vaut le coup d'être lu. Surtout s'il est entamé dans l'A380 au dessus de l'Océan, après le documentaire sur YSL- qui est si touchant avec ses lunettes de taupe et son sourire qui avalerait presque ses mots. Je n'ai pas la même tendresse pour PB.
Une fois la ceinture rebouclée et le livre de Patti rangé, nous fredonnâmes Brooklyn Bridge d'Alex Beaupain: J'ai peur pendant l'aterrissage, mais tu me tiens la main. De bon ton. Patti se fait la réflexion qu'elle n'a jamais tenu la main de Robert dans un avion qui les mènerait vers ailleurs. Leur histoire est new-yorkaise. Bloß New York.
Nous avons parcouru le MoMA au pas de charge (il l'avait vu si souvent et puis, il était inquiet du quatrième bol). Le meilleur moment fut la découverte d'une photo de Robert Mapplethorpe juste au moment où j'évoquais son nom. Patti fut célèbre avant. Robert la Muse, muséifié au final.
Patti et Robert savaient dès le début qu'il étaient des artistes. Que leur talent était là, en puissance, et très fort tout au fond d'eux. Est-ce la certitude qui leur confère cette sérénité sur les clichés, ce naturel qui éclabousse de beauté? Un peu comme V. qui, parce qu'elle sait qu'elle a de bonnes manières, peut sans rougir y faire des entorses charmantes.

dimanche 23 janvier 2011

Somewhere (Et nulle part)

Colette. Il est très fier de cette double perspective. (Il a bravé l'interdit- pas de photos chez Colette).

Il m'a dit que son chemin préféré, c'était celui de chez lui à l'Hôtel Amour. Nous nous tenons alors par la main et échangeons sur nos envies pour le petit déjeuner. Nous connaissons la carte par coeur et ce matin, j'avais très envie de goûter leurs oeufs benedict. (Parce que Somewhere.)

Nous devions être un peu tard ce dimanche parce que pour la première fois depuis notre première fois, l'hôtel était bondé. Nous ne nous étions pas imaginé cette mini-tragédie. "Et dans le jardin?" osais-je. "Nulle part." La "meneuse" de salle blonde n'a pas du tout semblé nous reconnaître. Nous sommes des habitués pourtant, non? Nous gênions même- j'eus l'impression. Nous bâtîmes vite en retraite, tout pleins du sentiment d'être chassés de ce lieu chéri.

L'harmonie dominicale s'effrita net. Notre second choix de café fut celui du dépit. Petite voix : "Un thé et des tartines". "Non, pas de tartines, c'est la formule brunch uniquement." L'autre serveur eut la même réponse. Il voulut insister pour moi, encore, et ce fut l'éclat. Tout s'écroula et je ne sus m'agripper à rien.

dimanche 16 janvier 2011

Le chat de Greuze, sa rue-et la cocotte


Jean-Batiste Greuze, Le Dévidoir (Frick Collection)


Le sol était recouvert de plastique. C'est un vrai chantier, rue Greuze. Elle se demandait si laisser les plinthes en blanc serait assez chic, s'il ne fallait pas mieux les peindre en gris taupe, comme le mur. En tout cas, c'est ce que préconisait ce magazine italien de décoration, qu'ils venaient de recevoir. Lui, ça le rendait presque nerveux ces histoires de noir lunaire (-ou tellurique? Je ne me souviens plus.) Et tout le monde avait faim.

Les petits légumes devaient confire encore cinq minutes. Elle proposa sa petite salade de fenouil. Oui, ça ferait du bien à tout le monde. Enfin, la cocotte Staub arriva, lourde, brûlante, pleine. J'ai ressenti sa satisfaction, au moment de déposer cette masse sur la table affamée.

Nous parlâmes de Deux de la vague qui nous avait plu à tous les deux. J'y ai découvert que Jean-Pierre Léaud fut écartelé entre ses deux pères Truffaut et Godard. Les Inrocks avaient prévenu que les cinéphiles un peu avertis n'y apprendraient rien de neuf. Moi si.

La salière et la poivrière, singulières par leur taille et leur mécanique, attiraient ses mains- qui tripotaient et répandaient du sel partout. Peut-être du sel du Tibet. Attention, ça sale très fort. Elle ne pouvait s'empêcher de mettre en garde son fils, m'avait-il confié in petto. Et aussi que les portions dans l'assiette, toutes petites chez elle, le laissaient affamé. Il le répéta encore en rigolant, désignant la Staub gargantuesque. Pas aujourd'hui.

Ils voulurent savoir si NYC bougeait comme avant, ou stagnait. "J'ai refait le chemin jusqu'à mon ancien appartement en haut de Time Square. Les menus du deli en bas de chez moi n'ont pas changé de place sur la porte" raconta-t-il. NYC s'encroûte, comme Paris. Nous évoquâmes aussi Hangawi, le restaurant coréen végétarien de la 32e rue à Manhattan, puis les tableaux de Jean-Baptise Greuze de la Frick Collection- et encore bien des détails de NYC mais j'ai peur d'ennuyer.

Au dessert, la petite soeur, qui a plus de 20 ans, eut plusieurs gestes d'enfant qui me ravirent. Elle se garda le couteau des fromages, dégusta avec application les deux couteaux dans l'assiette, avant de reposer celui en trop, un peu honteuse (peut-être pas, moi je l'aurais été je crois). Elle recueillit aussi le jus du plat de la salade d'oranges à la cannelle dans son verre pour le boire comme au petit déjeuner. Une fois rentrés, je finis Horizon de Modiano. Je n'avais pas du tout envie que ce soit dimanche soir.

samedi 8 janvier 2011

Le quatrième bol


Macaroni & Cheese à la City Bakery, comme dans Somewhere de Sofia Coppola

Chinatown

Juste avant de partir de l'hôtel W, je me suis rappelée avoir omis de mentionner sa venue au brunch de Ina & Ray. Si naturelle, sans doute. Il m'a priée de les prévenir. Sourire gêné, nez froncé. Message Facebook à Ray. Un peu nerveux, même s'il ne le laisse guère transparaître.

Sur la route vers l'East Village où se trouve la maison d'I & R, nous sommes tombés sur un petit marché bio local (green market). Un fermier "big", rouquin, vendait du lait dans ces petites bouteilles en verre- si jolies qu'elles me donnent (presque) envie d'acheter du lait. Je me suis imaginée en héroïne d'un roman de Laurie Colwin, vêtue d'une jupe en laine et blouse à imprimé liberty, ou en jeans et cachemire- faisant mon marché avant de cuisiner un déjeuner chaleureux et classe.

Sonnette. La porte s'est ouverte, laissant apparaître un intérieur épatant et la table mise. Quatre bols. Ouf.

Il y eut des fraises, des oeufs brouillés à la roquette et un gâteau de chez Payard (pâtissier fameux à NYC, pour avoir régalé les quatre gourmandes de Sex & the City.) Je l'avais trouvé très "rude" lors de ma première escapade à NYC. J'avais pensé à l'époque que c'était pour singer le côté impoli des français mais je crois à présent qu'il a juste adopté la rudesse des vendeurs américains. No tip, no smile.

(Suite à venir)