lundi 28 février 2011

Le Métro ou les histoires du reflet dans la vitre

Photographie de Benoît Delhomme

Quand je suis sage et que prends le métro le soir et pas le cab pour aller jusqu'à Liège, je n'ai pas envie très envie de lire Le Tigre (bien golri) ni les Inrocks (qui m'aspirent jusqu'au bout de la ligne 1 le matin). Je préfère me mirer dans la vitre pleine de reflets. (Je le fais aussi le matin et le soir - bien entendu.)

Mais le soir, toute apprêtée, rouge aux lèvres, mèche ondulante (maintes fois replacée), parfum au garde-à-vous, coeur battant, la vitre m'engloutit- et mes pensées. Elles divaguent. Il suffit un coup d'oeil échangé à droite, avec un garçon barbu qui m'éclabousse de sa lumière crue, et je crois, oh, il me regarde- c'est vrai! Non je n'ose pas vérifier, le rouge des lèvres monte aux pommettes, la pompe cardiaque irradie encore davantage. Alors je n'en peux plus- et j'ose. De la vitre qui m'inspire, j'arrache mes yeux et les pose sur lui. Et en fait rien. Tout s'évanouit.

Je ris de moi jusqu'à la fin du trajet. Je sors-seule, ou presque à cette station où personne ne monte et ne descend jamais. Parfois il y a des pas aveugles derrière alors je cours et je cours encore les deux grappes d'escaliers, les cheveux s'emmêlent avec le vent frais, le rouge monte au front, cette fois. Et j'arrive essoufflée chez lui. Ca peut commencer.

dimanche 27 février 2011

Tu m'as dit je t'aime, je t'ai dit attends - Les ambiances de Jules et Jim


J'ai déjà écrit sur Jules et Jim. C'était en fait les miettes tombées de mon travail pour une proposition de chronique destinée au Fooding : les adresses d'un personnage de fiction. Jugée charmante mais pas évidente par le guide, j'ai décidé de poursuivre cette chronique et de la publier ici.

***

"Les pieds des buveurs se toucheront sous la table"

Les rubans des chapeaux flottent dans le vent lorsque les jeunes femmes descendent le perron de chez Jules. La troisième, Catherine, la française, avait le sourire de la statue de l’île. Les pas crissent sur les graviers de l’allée de l’Hôtel Particulier menant au jardin, comme calfeutré des bruits de la ville. Cela commençait comme un rêve. Les coeurs battent un peu. A l’ombre des feuillus, on boit fraternité (accent teutonique de rigueur) au Très Particulier (le bar de l’Hôtel) : les pieds des buveurs se toucheront sous la table. Un cocktail optimiste nommé Between the sheets de David West, le barman, donnera de l’ardeur au fougueux. Osera-t-il attarder son pied, comme Jim à côté de celui de la désirée? Catherine, elle, a choisi l’autre, Jules - innocent, généreux, vulnérable.

Ne pas prêter attention à Mr Figaro :"Vous plaisantez? - Je ne plaisante jamais. D'ailleurs, je n'ai pas d'humour."

Mais Jim sera bientôt invité en tête à tête: Voulez-vous m’attendre à 7 heures dans la première salle de notre café? Pour attendre une fille qui est en retard- en pensant avoir soi-même loupé l’heure du rendez-vous, La Palette, notre café de Saint Germain est un bon lieu de rencart. La salle animée sans être bruyante, ou la terrasse, offrent un cadre propice et même du divertissement : un homme qui n’a pas d’humour (et qui lit le figaro) peut-être, des jeunes semi bling-bling et des néo-vieilles à banane rétro, sans doute. Si elle arrive sur le coup de huit heures, affamée, une des planches “comme sur la table d’à côté”, reluquée alors que l’heure tournait, sera bienvenue. Son regard chantait de fantaisie et d’audace contenue. Faire ensuite quelques pas le long de la Seine- ne pas penser au plongeon de Catherine. Juste à la réchauffer.


Tu m'as dit je t'aime, je t'ai dit attends. J'allais dire prends-moi, tu m'as dit va-t-en.

Si elle invite à une promenade en voiture, esquiver par principe (!) et la guider au Rosa Bonheur, la guinguette des Buttes Chaumont. Prendre le métro, le vélo- ou par la main. Le lieu invite à la discussion sans hâte, avec humour et tendresse, à la “rôtissoire”, le restaurant du Rosa Bohneur- dont les plats parfumés réconfortent : Vous avez été pour Catherine facile à prendre mais difficile à garder. Comme le décor s’y prête, on peut aussi monter sur une des buttes du parc et rouler-bouler jusqu’en bas sur un rythme d’éclats de rire. Prendre ensemble des plaisirs total à des riens, parce que le bonheur se raconte mal.

mercredi 16 février 2011

Das Photoautomat- le levi's 501 et SoPi*

Du und Ich. Photoautomat an der französischen Cinematek.


Je suis en train de regarder La Marquise d'O. de Rohmer en allemand. En fait, j'ai juste regardé le générique en grignotant des whoppies maison : galettes de maïs et tartex. Rien à voir avec ceux de Chloé, rue JB Pigalle (banane, chocolat et beurre de cacahuète. Ca ne me plaisait pas trop, j'ai choisi le cupcake aux fruits rouges cette après-midi.) Le staff est gentil là-bas. Mais Dee von N n'a pas aimé (juste le garçon avec la banane-elvis). Elle préfère Rose et sa bakery. Qui est moins rose que Chloé.

Après nous sommes allées chez Celia Darling, à SoPi aussi. Elle avait vendu le pull Dingo un peu Castelbajac (sniff). Mais j'ai trouvé les escarpins les plus jolis du monde. Cette boutique me fait frétiller. Même si c'est pas parce que c'est vintage que c'est beau.

Eux, ils ont osé dire tous les deux que mon levi's 501 vintage m'applatissait les fesses! Nous étions à La Régalade du 1er et j'ai failli mettre en charpie mon soufflé au Grand Marnier de dépit. Mais ils ont vérifié à nouveau et my ass a été rassuré.

* South Pigalle

mardi 8 février 2011

Se manipuler- quel ennui!

Je viens d'acheter le grand livre des tartes Kluger (leur boutique du 3e me plaît, le service est ***).

Dans Les belles images de Simone de Beauvoir, Laurence s’évertue à trouver des slogans publicitaires, alors que Jean-Charles l’attend dans le lit - il sent le tabac blond et un autre truc- je ne me rappelle pas, la lavande peut-être. Elle a ensuite une réflexion sur le côté pratique de la pilule, parce que, quand même, se “manipuler”, quel ennui.

Je m’interroge sur ma capacité à tout retenir, à conserver ces balises au fond de moi qui me préviennent de tout danger et qui s’agitent lorsque qu’elles se rappellent, me piquent du souvenir. Vice ou vertu? Ses cris et ses menaces restent vives et se ravivent quand d’autres se livrent à ces actes d’intimidation.

Ce sont mes pensées lors des trajets pendulaires d’Hôtel de ville à chez moi- où à partir de Rambuteau. J’aime assez cette rue, la librairie des Cahiers de Colette et les cupcakes de Berko (très jolis, meilleur le matin, quand hurle la faim- à mon avis, ravissants à tout moment). Suis allée Aux deux amis rue Oberkampf ce soir, ce n’est pas si loin de chez moi pourtant, mais j’y remarque plus les odeurs et les gens- la patine m’a éloignée des miens.

Je n’y emmènerai pas Mère mais c’est un endroit réjouissant, on y gueule joyeusement (ah, le bruit- ça devait être vraiment bien pour ne pas m’avoir fait fuir!). On fend avec plaisir la foule jusqu’aux tables du fond où l’on peut dîner- bien. Ne pas venir pour des tapas mais s’en régaler. Y revenir pour des tapas mais n’en pas trouver (je suppute!). Aucune idée de la carte, elle est griffonnée sur un bloc note au crayon.