mardi 23 février 2010

Retour

Les marteaux-piqueurs résonnaient avec une telle force dans l'appartement qu'ils m'ont presque donné la nausée. Je sortis toute étourdie dans les rues de Paris, sans vraiment de but - sauf celui de trouver une croix verte. C'était un Lundi vers midi - toujours cette lenteur à sortir (je préfère m'éjecter). Je chancelais presque sur ces bottes -ravissantes- qui persistaient à me broyer l'orteil droit toute à droite - le petit doigt de pied. 
La circulation, et puis tous ces piétons me donnaient le tournis. Quelle disparité dans la foule trottinante sur le pavé. J'étais bien la seule nigaude à attendre le signal pour traverser la rue. (J'étais même heureuse de patienter un peu, ne sachant où aller, marquer un arrêt me rendait l'espace d'un instant moins hésitante.) Je ne fis pas long feu. 
Je rentrais avec mon jambon-beurre à la main, histoire d'en goûter un avant de partir - j'avais bien eu raison d'en demander un alors qu'en vitrine traînaient quelques trucs sous cellophane avec plein de bidules dedans et même pas dans de la baguette. La boulangère m'en a commandé un à la cuisine, et il était frais, croustillant et bon. 
Dans l'avion, je fus affublée d'un voisin détestable, ce genre de petit ingénieur hâve, nerveux et laid,  visiblement animé par une libido dont il ne sait que faire (je l'avais déjà remarqué vautré dans le siège d'à côté à la porte 68). Il m'interpella en teuton sur la grève des pilotes de la Lufthansa "N'êtes-vous pas rassurée de pouvoir rentrer à la maison malgré la grève?" Spontanément je lui répondis que Munich, ce n'était pas vraiment ma maison, mais je me repris pour dire que si, enfin, je vivais là-bas. Où était-ce alors, ma maison? Mes pensées dérivèrent alors qu'il continuait de plus belle, arguant qu'en tant que française, de toute façon, j'étais habituée à ce genre de "perturbation". Je me plongeais dans mon Süddeutsche Zeitung. Il s'attaqua alors à l'hôtesse-toujours au sujet de la grève. Répugnant. Je m'absorbais dans le non-paysage par le hublot (il faisait nuit-noire) et essayait de l'évacuer, lui et l'autre, et les pensées un peu sombres qui zébraient mon vortex cérébral.
Le gazon de l'aéroport était recouvert de mottes de neige à peine éparses. Ca alors, Munich était encore enneigée - pensai-je surprise. En ville, il ne subsistait finalement que les graviers sur les trottoirs, et dans les coins, quelques vestiges de neige sale, recouverts de cette souillante pellicule noire. 
J'étais rentrée.

2 commentaires:

Mathieu a dit…

j'adore te lire, on a l'impression de lire un roman, dès la première ligne on s'y croirait, une plongée dans tes sensations, dans tes pensées, j'adore !
J'espère que tout va bien quand même parce que la morosité transpire quelque peu à travers ton texte...
Je te fais tout plein de gros bisous, prends soin de toi
Matou

Cléo a dit…

Oh oui, ça m'arrive d'être un peu mélancolique, surtout quand j'écris pour éviter le désoeuvrement...Mais "ça va bien".