dimanche 27 février 2011

Tu m'as dit je t'aime, je t'ai dit attends - Les ambiances de Jules et Jim


J'ai déjà écrit sur Jules et Jim. C'était en fait les miettes tombées de mon travail pour une proposition de chronique destinée au Fooding : les adresses d'un personnage de fiction. Jugée charmante mais pas évidente par le guide, j'ai décidé de poursuivre cette chronique et de la publier ici.

***

"Les pieds des buveurs se toucheront sous la table"

Les rubans des chapeaux flottent dans le vent lorsque les jeunes femmes descendent le perron de chez Jules. La troisième, Catherine, la française, avait le sourire de la statue de l’île. Les pas crissent sur les graviers de l’allée de l’Hôtel Particulier menant au jardin, comme calfeutré des bruits de la ville. Cela commençait comme un rêve. Les coeurs battent un peu. A l’ombre des feuillus, on boit fraternité (accent teutonique de rigueur) au Très Particulier (le bar de l’Hôtel) : les pieds des buveurs se toucheront sous la table. Un cocktail optimiste nommé Between the sheets de David West, le barman, donnera de l’ardeur au fougueux. Osera-t-il attarder son pied, comme Jim à côté de celui de la désirée? Catherine, elle, a choisi l’autre, Jules - innocent, généreux, vulnérable.

Ne pas prêter attention à Mr Figaro :"Vous plaisantez? - Je ne plaisante jamais. D'ailleurs, je n'ai pas d'humour."

Mais Jim sera bientôt invité en tête à tête: Voulez-vous m’attendre à 7 heures dans la première salle de notre café? Pour attendre une fille qui est en retard- en pensant avoir soi-même loupé l’heure du rendez-vous, La Palette, notre café de Saint Germain est un bon lieu de rencart. La salle animée sans être bruyante, ou la terrasse, offrent un cadre propice et même du divertissement : un homme qui n’a pas d’humour (et qui lit le figaro) peut-être, des jeunes semi bling-bling et des néo-vieilles à banane rétro, sans doute. Si elle arrive sur le coup de huit heures, affamée, une des planches “comme sur la table d’à côté”, reluquée alors que l’heure tournait, sera bienvenue. Son regard chantait de fantaisie et d’audace contenue. Faire ensuite quelques pas le long de la Seine- ne pas penser au plongeon de Catherine. Juste à la réchauffer.


Tu m'as dit je t'aime, je t'ai dit attends. J'allais dire prends-moi, tu m'as dit va-t-en.

Si elle invite à une promenade en voiture, esquiver par principe (!) et la guider au Rosa Bonheur, la guinguette des Buttes Chaumont. Prendre le métro, le vélo- ou par la main. Le lieu invite à la discussion sans hâte, avec humour et tendresse, à la “rôtissoire”, le restaurant du Rosa Bohneur- dont les plats parfumés réconfortent : Vous avez été pour Catherine facile à prendre mais difficile à garder. Comme le décor s’y prête, on peut aussi monter sur une des buttes du parc et rouler-bouler jusqu’en bas sur un rythme d’éclats de rire. Prendre ensemble des plaisirs total à des riens, parce que le bonheur se raconte mal.

4 commentaires:

patoumi a dit…

Le Fooding me fait parfois l'effet du théâtre: un grand grincement de dent.
Moi j'imprimerais bien le billet entier, texte (le titre, oh!)et photos pour le mettre au-dessus de mon bureau.

Cléo a dit…

Merci. (Oui je suis d'accord avec toi pour le F, nous en discuterons quand nous nous verrons.)

Anonyme a dit…

Je suis fou dingue de ton billet

Cléo a dit…

Oui Edouard, et moi foodingue de toi!